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Le site des usines Japy de Beaucourt,
permet une production de pièces d'horlogerie à la fois abondante et moins chère. En
quelques années, l'usine de Beaucourt a un quasi monopole pour cette fabrication qui
s'écoule surtout en Suisse.
En 1795, la fabrique emploie 400 ouvriers. Les montres, produites massivement, vont
devenir des articles populaires accessibles au plus grand nombre. Mais Frédéric Japy
n'était pas seulement un inventeur de génie, c'était aussi un visionnaire dans la
façon de traiter son personnel.
Paternaliste, il
a instauré une collaboration réciproque entre les ouvriers et les instances dirigeantes
de l'entreprise afin d'établir des relations de travail saines.
« Je veux que mes ouvriers forment avec moi et les miens une seule et même
famille ». Et cette belle devise , Frédéric Japy la mettait en
pratique : chaque jour, il réunissait ses ouvriers pour partager leur repas ;
son épouse agissait de même avec les ouvrières dans une autre salle. Le personnel
dormait à la fabrique, dans des dortoirs.
Ce véritable « familistère » fut complété par la création d'un magasin
fournissant au personnel habillement et approvisionnement à des prix avantageux.
Une coopératives avant la lettre, qui allait devenir plus tard la
« Fraternelle ».
L'empire Japy connaît une véritable expansion le génie de Frédéric et de ses
inventions ouvrirent d'autres possibilités dans des domaine non horlogers. En modifiant
ses machines , Frédéric Japy fabrique des mouvements de pendules, mais aussi des
vis à bois, des boulons, de la quincaillerie
Pour cela il doit acquérir d'autres
terrains et monter d'autres ateliers.
En 1800, les usines Japy fabriquent des serrures et des cadenas et 1806 voit la
construction des ateliers de fonderie, fer et laiton. L'usine de Badevel voit le jour en
1810.
A la mort de Frédéric en 1812, ses descendants vont continuer son uvre,
diversifiant encore la production : la marque Japy est prête à faire le tour du
monde.
L'EMPIRE VACILLE
A la mort de Frédéric Japy, ses fils prennent sa succession. Les trois fils aînés
Frédéric-Guillaume, Louis-Fréderic et Jean-Pierre gardent Beaucourt alors que Badevel
revient aux deux autres, Charles et Fido. L'expansion continue : le XIXe siècle sera
véritablement l'âge d'or des Japy.
En 1817, La Feschotte du Haut, sur la commune de Dampierre-les-Bois fabrique des vis à
bois et des moulins à café. La feschotte-casserie, vers 1825, des casseroles et
ustensiles de cuisine, des pelles à charbon, des lampes à huile. Les casques des soldats
de la guerre 14-18 sortiront de cette fabrique. Visserie-boulonnerie à
l'Isle-sur-le-Doubs et à Etupres
et bien d'autres lieux encore. Cet ensemble
d'usines éparpillées mais proche employait vers 1860 plus de 5 000 ouvriers et
produisait les articles les plus divers : les Beaucourtois avaient coutume de dire
qu'il était plus facile d'énumérer ce qui n'avait pas été fabriqué et même inventé
par les Japy que le contraire.
Cet immense empire est géré par les descendants de Frédéric : soit ils trouvent
à s'occuper dans le large éventail des entreprises que leur propose le groupe, soit ils
fondent d'autres sites comme les filiatures et tissages à Audincourt. Quelques uns vont
tout de même choisir un autre chemin, la politique ou l'aviation civile comme André
Japy.
Poursuivant la voie tracée par Frédéric, la construction des 1ères maisons cédées au personnel débute en 1867.
Pourtant après la guerre de 1870, l'empire va commencer à vaciller.
Dès 1875, l'entreprise donne des signes d'essoufflement : les capacités inventives
sont en baisse et les affaires végètent. La fabrication des moteurs électriques et
compteurs en 1885, puis celle des appareils photographiques en 1899 vont relancer la
machine. Tout comme la fabrication des machines à écrire à partir de 1910. Mais en
1921, une partie du capital échappe à la famille par l'émission d'obligations dans le
public.
En 1955 la société éclate en 4 secteurs : la mécanographie, l'électromécanique,
la visserie-boulonnerie et l'équipement ménager qui en 1964 prend le nom de Japy-Marne.
1955 voit également la cessation et
la vente d'horlogerie. Ce démantèlement est le prélude à l'extinction progressives des
secteurs. Les usines abandonnées sont détruites ou reconverties les unes après les
autres.
Beaucourt, avec les machines à coudre fermera ses portes en 1975. La marque Japy subsiste
encore, apposée sur des produits d'horlogerie ou de petite mécanique souvent importés.
Elle restera le symbole de l'une des plus belle réussite de l'industrie française.
Le symbole également du savoir-faire et de l'ingéniosité d'un homme : Frédéric
Japy.
Les 27 et 28 août 1999, plus de 300 descendants directs ou alliés de Frédéric Japy,
sur les 1308 actuellement en vie se retrouvaient à Beaucourt à l'occasion du 250ème anniversaire de naissance de leur glorieux
ancêtre.
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