Pierre Sellier, « clairon de l’Armistice »

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Pierre Sellier, né le 8 novembre 1892, à Beaucourt dans le Territoire de Belfort, mort le 16 mai 1949, dans la même ville,
est connu pour avoir été le soldat français de la guerre de 1914-1918 qui sonna au clairon le premier "cessez-le-feu", le 7 novembre 1918,
à La Capelle (Aisne), lors de l'arrivée des plénipotentiaires allemands chargés de négocier l'Armistice.
Celui-ci sera signé le 11 novembre suivant dans la clairière de Rethondes à Compiègne (Oise)1,2. Pierre Sellier a été surnommé "le clairon de l'Armistice".
Il est bien connu que l’Armistice de la Grande Guerre entra en vigueur à la onzième heure du onzième jour du onzième mois de l’année 1918.
Or le front occidental s’étendant sur des centaines de kilomètres, des dizaines de clairons furent nécessaires pour
que la sonnerie du " cessez le feu " parvienne, simultanément, aux oreilles de tous les combattants. Dans ces conditions,
on se pose la question de savoir comment le caporal clairon Pierre Sellier, peut revendiquer le titre de " clairon de l’Armistice ",
au détriment des nombreux autres. En fait, le titre de " clairon de l’Armistice " est trompeur.
S’il récompense bien la sonnerie de la mélodie du cessez le feu, il ne s’agit pas de celle jouée le 11 mais le …7 novembre 1918.

Il est intégré au 171e régiment d’infanterie de Belfort en octobre 19131. Le 7 novembre 1918, il est désigné pour accompagner
les parlementaires allemands à La Capelle, dans l’Aisne1. Il était caporal. À 20 h 30, le capitaine Lhuiller lui ordonne de sonner
le premier " cessez-le-feu "1,2. Arthur Zobrowski, sous-officier Uhlan a fait de même juste avant. Sur le front, tous les clairons
sonneront officiellement l'armistice à la date convenue : le 11 novembre à 11 h.Démobilisé le 28 août 1919, il retourne à Beaucourt
et travaille chez Japy, puis chez Peugeot, à Sochaux1.Il refuse l'offre de l'American Legion de faire, en 1925, un tournée aux États-Unis
où il aurait dû reproduire la sonnerie historique1. La même offre de son homologue allemand, Zobrowski, de l'accompagner aux États-Unis
dans le même but, ne reçoit pas davantage de réponse favorable, car Pierre Sellier considère qu'il est encore trop tôt pour de telles démonstrations
entre ennemis d'hier1. Malgré la proposition des Américains de lui racheter son clairon, il préfère en faire don aux musée des Invalides1,2.
Par la suite, une copie lui est offerte, par la maison PGM Couesnon (Paris), avec laquelle il joue des sonneries, lors des cérémonies du 11 Novembre,
dans de nombreuses villes de France1.Il est remobilisé en septembre 1939, puis est renvoyé dans ses foyers en mai 1940. Il entre dans la Résistance
et rejoint le maquis du Lomont2 en août 1944, puis s'engage, à la Libération, dans le 3e RTA. Il participe à la campagne " Rhin et Danube "
contre les Allemands. Nommé adjudant, il est titulaire de nombreuses décorations et a été cité plusieurs fois à l'ordre du régiment et de la division1.

Il meurt à Beaucourt le 16 mai 1949 et repose au cimetière de Reppe1,2

À Beaucourt, un monument lui est dédié, près du Coq Japy et une rue porte son nom1. Un collège de La Capelle porte également son nom

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Il est le premier clairon français à avoir sonné le « cessez le feu », sur le front occidental. Toutefois, il ne s’agissait que d’un cessez
le feu temporaire, qui prit fin à la première seconde du 8 novembre. Les combats reprennent et de nombreux noms viennent encore
s’ajouter à la longue liste des victimes de la Grande Guerre. Nul doute que si les négociations débutées le 8 novembre n’avait
pas abouti à l’armistice du 11 novembre, Pierre Sellier serait resté dans l’anonymat le plus complet.

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II) Monter un « show » aux Etats-Unis ? Certainement pas…

Démobilisé le 28 août 1919, Pierre Sellier bénéficie d’une grande popularité et obtient le titre de « clairon de l’armistice ». En 1925, il est sollicité par l’American Legion, pour réaliser une tournée à travers les Etats-Unis. Son spectacle serait on ne peut plus simple pour lui : sonner la mélodie historique. Toutefois, il se refuse à abandonner la vie modeste qu’il mène en France. Il reçoit également une proposition de son homologue allemand, Arthur Zobrowski. Ce dernier ayant compris que les Etats-Unis constituent le pays où « tout se vend », propose d’y monter un spectacle mettant en scène les deux clairons. Cependant, Pierre Sellier décline l’invitation. Il souligne le fait que les drames sont encores trop récents. Les peuples pourraient être choqués à la vue des deux ennemis de la veille réunis sur une même scène. Les Américains ne se découragent pourtant pas. S’ils ne peuvent obtenir le musicien, peut-être peuvent-ils obtenir l’instrument pour un bon prix. Pierre Sellier refuse, arguant que l’objet doit rester en France. D’ailleurs, il en fait don au musée des Invalides, à la fin de l’année 1925.

 

Suite à son don au Musée des Invalides, la maison d’instruments de musique, Couesnon, lui fait cadeau d’une réplique de son clairon. Ainsi, il peut continuer à sonner le « cessez-le-feu » au cours de différentes cérémonies, à travers toute la France : Rouen, Lyon, La Capelle, Montpellier, Honfleur,… A titre d’exemple, il est acteur de la cérémonie d’inauguration de la statue du Maréchal Foch, à la clairière de l’Armistice, en 1937. Quasiment tous les ans jusqu’à sa mort, il le fait aussi au même endroit que le 7 novembre 1918, où un monument, « la pierre d’Haudroy » est inauguré en 1925.

Au déclenchement du second conflit mondial, Pierre Sellier n’est plus mobilisable. Malgré tout, il fait le choix d’entrer en résistance et rejoint le maquis de Lomont, dans le Doubs, en 1944. A la libération, il s’engage dans la 1re armée et effectue une partie de la campagne Rhin et Danube. Le 19 mai 1949, il décède, à l’âge de 57 ans et est inhumé au cimetière de Reppe.

Depuis sa mort, la région de Beaucourt a entretenu la mémoire de son illustre enfant. En 1956, une rue de Beaucourt est baptisée de son nom. En novembre 1988, une stèle de granit est implantée au carrefour avec la rue Vandoncourt. Pour le 80e anniversaire des événements de 1918, le club philatéliste de Beaucourt, édita une enveloppe portant l’effigie de Pierre Sellier. Hommage lui a été rendu en dehors des frontières du territoire de Belfort, le 7 novembre 2008, lorsque la ville de La Capelle nomme son collège « Pierre Sellier ».

Le caporal Sellier, " clairon de l’Armistice " natif de Beaucourt (90), n’a jamais voulu gagner de l’argent sur les horreurs de la guerre

Le 7 novembre 1918, Pierre Sellier, caporal-clairon au 171e  RI de Belfort, a été le premier à sonner le cessez-le-feu.
Un acte qui lui a valu une grande notoriété, mais dont cet ouvrier natif de Beaucourt n’a jamais cherché la gloire.

cérémonies officielles, spectacles par des enfants des écoles, expositions…


Depuis le 7 novembre, les hommages au caporal Pierre Sellier se multiplient dans les communes de Beaucourt et Reppe, où il est né et enterré. Preuve qu’un siècle plus tard,
il est toujours un héros dans le Territoire de Belfort.

" Je suis contente pour lui, même si lui n’a jamais cherché la gloire. Il s’est juste trouvé au bon endroit au bon moment ", raconte Yvonne Briant, sa nièce, domiciliée à Reppe.

Ce bon moment, c’était le 7 novembre 1918 à 20 h 20. Quand les plénipotentiaires allemands se présentent à La Capelle (Aisne) pour négocier un futur armistice,
ils arrivent face à la 6e  compagnie du 171e  RI auquel appartient le caporal Pierre Sellier. Le capitaine Lhuillier lui ordonne de sonner le cessez-le-feu.
Une sonnerie qui lui vaut le titre de " clairon de l’Armistice ". Et une immense notoriété dont il n’a jamais voulu profiter

" Sa plus grande fortune, c’était sa Peugeot 201 "

" Il a refusé de partir faire une tournée aux États-Unis avec son homologue allemand. Les Américains lui ont aussi proposé d’acheter son clairon,
mais là aussi il a dit non. Il n’a jamais voulu gagner de l’argent sur les horreurs de la guerre ", souligne Yvonne Briant, en regardant les photos de son oncle.
En uniforme ou en civil, mais presque toujours clairon en main.

À Beaucourt, André Bouteiller, petit-fils de Pierre Sellier (d’un enfant né hors mariage avant la guerre, N.D.L.R.), garde aussi de
son grand-père l’image d’un homme simple.

" Il venait souvent nous voir après une partie de chasse. Je revois encore les pattes de lièvres ou de faisans qui sortaient de son sac quand il arrivait.
Je crois que sa plus grande fortune, c’était sa 201. "

Redevenu ouvrier chez Peugeot après sa démobilisation, Pierre Sellier a mené une existence modeste à Beaucourt avec sa femme, Joséphine.
Mais une existence marquée par l’amour de la France. Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors âgé de 52 ans,
il a rejoint le maquis du Lomont en 1944 puis la 1re  Armée. Mais là encore, il n’a jamais cherché à en tirer une quelconque gloire. Un homme humble.

 

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L'inauguration du monument 7-11-2018 en photo